Le développement de produits innovants est un processus intrinsèquement risqué : ce risque incite les entreprises à lever leurs incertitudes, mais lorsqu’elles le font, elles passent souvent beaucoup de temps et dépensent beaucoup d’argent à développer un produit finalement inadapté, basé sur des données erronées ou des hypothèses non pertinentes.

Dans ce contexte, le produit minimum viable (MVP) a fait ses preuves.

 

Qu’est-ce qu’un MVP ?

Un produit minimum viable, c’est la toute première version d’un produit. Celui-ci contient juste assez de fonctionnalités pour attirer un premier groupe de clients et, surtout, pourra fournir un retour d’expérience précieux sur la façon dont les clients utilisent et apprécient le produit.

Attention
Le produit « minimum » viable n’est pas pour autant un produit comportant le moins de fonctionnalités possible, nécessaire à son lancement public.

Au contraire, le MVP est la clé de de voûte de l’innovation en matière de création de produits inédits : il s’agit d’un mécanisme d’apprentissage utilisé pour tester des hypothèses, permettant de découvrir ce qui répondra le mieux aux besoins des clients.

Si développer de nouveaux produits de manière traditionnelle est souvent coûteux, risqué et échoue souvent (en raison d’hypothèses incorrectes par exemple), recueillir des informations à partir d’un MVP muni de moins de fonctionnalités est moins coûteux.

Il est utilisé pour que les entrepreneurs sachent si leur idée est viable (et rentable) en testant leurs hypothèses. Si un MVP peut valider un besoin du marché pour un produit donné, il sert aussi au développement progressif d’un produit existant.

Toute innovation commence par une hypothèse sur la manière dont un produit nouveau (ou amélioré) trouvera son public. Cependant, une hypothèse n’est qu’une supposition, tant qu’elle n’est  pas étayée par un retour d’information provenant de clients réels. Il se trouve que le Produit Minimum Viable est le moyen le plus rapide de valider ou de rejeter une hypothèse de développement de produit.

Afin de tester l’innovation proposée, pour voir si elle conduit aux résultats souhaités, un MVP doit donc être testé (idéalement, par des personnes appartenant à la cible). Si le retour est positif, le produit est lancé sur le marché. S’il est négatif, un changement de direction est nécessaire : il peut s’agir d’une simple modification du produit, suivie de tests supplémentaires, ou d’un « pivot » vers un produit entièrement différent.

 

MVP et Agile : la méthode Lean

MVP et Agile : la méthode Lean

Dans la conception de produit minimum viable se trouve un point clé décrit dans la méthode Lean : le cycle « construire, mesurer, apprendre ».

Il s’agit de 3 phases pendant lesquelles le chef de projet va recueillir des informations, les analyser, avant d’en tirer un enseignement.

Construire

Il faut donc construire un produit sur la base de l’idée à tester (ou de ce qu’on a appris d’un produit précédent).

Mesurer

Il faut maintenant tester le MVP avec des clients, afin de déterminer ce qui est bon ou mauvais dans le produit : les clients l’utilisent-ils vraiment ? Combien seraient-ils prêts à payer ? Et toute autre question qui importe, selon votre cas.

Apprendre

Sur la base du MVP, et des informations glanées lors des tests, le chef de projet doit décider s’il « continue » ou bien s’il « pivote » :

  • Il faut persévérer dans cette voie si les testeurs aiment la direction prise et qu’il suffit d’ajuster et d’améliorer le produit.
  • Il faut pivoter, en modifiant de manière radicale le produit, si de simples ajustements ne suffiront pas et que le produit ne correspond en rien aux attentes des testeurs.

Une boucle de rétroaction rapide est primordiale pour valider l’apprentissage : appliquer les enseignements tirés de l’expérience et du retour des testeurs se traduit par une meilleure vision d’avenir et une réduction du gaspillage (en temps et en argent). Sans ce processus, le produit risque de passer à côté de son public et d’engendrer des dépenses inutiles.

 

Les étapes de production d’un MVP au sein d’une méthode Agile

1. Étudier le marché

Vous allez devoir mener une étude de marché, pour connaître votre cible, pourquoi et comment votre produit répondra à ses attentes.

Voici quelques questions à se poser pour s’assurer du succès d’un nouveau produit :

  • Qui est le public cible ? A qui s’adresse votre produit, quels sont les problèmes rencontrés par ce public dans un domaine particulier ?
  • Pourquoi ce public cible a besoin de ce produit ? Il faut identifier la raison d’être du produit et ce qu’il apporte aux clients potentiels.
  • Dans quelle situation l’utiliseraient-ils ? Il est important de répondre à cette question : si le produit est un nouvel outil de jardinage, il doit répondre à des critères différents que s’il s’agit d’un appareil servant dans la cuisine, par exemple.

2. Analyser la concurrence

Dès que le problème à résoudre est identifié, il faut s’intéresser à la manière dont les autres entreprises y répondent (ou tentent de le faire…).

Et s’il n’existe pas (encore) de concurrents directs, le caractère unique du produit permettra de le lancer sur le marché en toute confiance.

Analyser la concurrence

3. Définir les fonctionnalités principales

45 % des fonctionnalités intégrées aux produits logiciels sont rarement voire jamais utilisées.

Il faut donc commencer par la ou les « killer-features », ce à quoi votre produit va révolutionner la vie de ses utilisateurs. Quelle est l’action la plus importante que le produit offrira à ses utilisateurs ? Ce sera sa fonctionnalité principale.

Parmi les méthodes de hiérarchisation des fonctionnalités se trouve la méthode MoSCoW, qui permet de déterminer les fonctions à réaliser en premier, celles qui seront à développer plus tard et celles qui seront simplement ignorées.

Une deuxième technique pour mesurer la nécessité des fonctionnalités est basée sur la valeur commerciale (temps de développement, avantages et coûts).

4. Construire le MVP

La construction du futur produit demande de se concentrer uniquement sur son objectif principal.

À ce stade, il ne faut pas réfléchir en termes de fonctionnalités, mais seulement sur les tâches de base que les utilisateurs finaux font de l’utilisation de ce produit, leurs attentes, etc.

Une fois que les caractéristiques du produit minimum viable sont clairement établies, il est temps de passer à l’étape de son développement.

Attention
Il ne faut pas confondre un MVP avec un prototype : un prototype est un moyen de tester rapidement des idées et hypothèses qui sous-tendent le produit, rappelons qu’un MVP est une version utilisable d’un produit ne comportant que la ou les fonctionnalités de base, qui sera idéal au sein d’un développement Agile.

Il s’agit uniquement de pouvoir tester quelque chose, d’obtenir des retours d’expérience, de recueillir des informations et des données utiles, le tout avec un minimum de temps et d’argent investis, ce qui n’est pas le cas avec un prototype, qui s’approche au plus près du produit final.

Il est important de garder à l’esprit le V de MVP : le produit doit être viable. Cela signifie qu’il doit permettre à vos clients d’accomplir une tâche ou un projet et qu’il doit offrir une expérience utilisateur de haute qualité.

Un MVP ne peut pas être doté de nombreux outils et fonctionnalités à moitié développés. Il s’agit d’un produit fonctionnel que votre entreprise devrait être en mesure de vendre si les tests sont concluants. En parlant de tests…

5. Tester le MVP

Le MVP représente une opportunité d’obtenir la validation du produit par le client. Les tests MVP sont conçus non seulement pour déterminer la viabilité de la proposition du produit, mais aussi de ses éléments techniques.

Le test par l’utilisateur est le test le plus important pour un MVP. En effet, ce test permet d’analyser la manière dont l’utilisateur utilise le produit, et évalue si la ou les fonctionnalités sont pertinentes, efficaces et suffisamment faciles à utiliser.

Naturellement, les testeurs peuvent identifier certains problèmes, plus ou moins graves, qui détermineront l’avenir du futur produit : améliorer le MVP ou bien pivoter vers un produit totalement différent ?

6. Apprendre, et recommencer

En fin de cycle, l’objectif du MVP est atteint et a permis de recueillir les commentaires des utilisateurs.

Il faut maintenant en tirer des conclusions, afin d’apporter des améliorations au produit en conséquence : si les feedbacks des utilisateurs sont globalement positifs et comportent majoritairement une adoption du produit, la méthode MVP aura été très bien menée, et le produit peut être lancé.

Dans le cas contraire, il faudra recommencer depuis l’étape de la construction du MVP :

  • Soit en améliorant le MVP existant tout en tenant compte des améliorations demandées,
  • Soit en repartant de zéro et pivoter vers un autre produit, avec une « killer-feature » différente, une toute autre approche de résolution du problème ou encore un positionnement différent du produit, par exemple.

Une fois le nouveau MVP construit, il repassera à son tour l’étape du test, les nouveaux retours d’expérience servant à améliorer encore cette nouvelle version du produit, jusqu’à ce que les testeurs soient suffisamment enthousiastes pour une mise sur le marché.

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